Fungurume, Une nouvelle flambée de violence liée à l’exploitation minière artisanale a éclaté dans la province du Lualaba, au sud de la République démocratique du Congo. Les 4 et 5 juin, des affrontements entre militaires et creuseurs artisanaux à Fungurume ont fait au moins deux morts et plusieurs blessés. La société civile tire la sonnette d’alarme et appelle à une réponse concertée, humaine et durable.
Violences meurtrières à Fungurume
Selon des sources locales, les heurts ont commencé après la fermeture d’un accès stratégique à l’intérieur de la concession minière de Tenke Fungurume Mining S.A. (TFM), filiale du groupe chinois CMOC. L’installation de dalles de béton aurait bloqué la seule issue utilisée par les habitants pour se rendre dans les champs et villages environnants.
Des creuseurs artisanaux ont tenté d’enlever une dalle, ce qui a entraîné l’intervention musclée des militaires chargés de la sécurité du site. Les témoins rapportent l’usage de balles réelles contre des manifestants non armés. Le bilan provisoire est lourd : une femme et un élève ont été tués, et une dizaine de personnes blessées par balles.
La tension reste vive dans les quartiers de Mutende et Kasolondo, où des manifestants ont érigé des barricades, brûlé des pneus, et affronté les forces de l’ordre à coup de pierres. Des gaz lacrymogènes ont été utilisés pour disperser la foule. Un accident de la route survenu dans la confusion a causé une nouvelle victime civile.
Des revendications pour une sortie de crise
Face à cette situation alarmante, la société civile locale, réunie au sein du Cadre de Concertation de la Société Civile de Fungurume (CCSC/FGM), a publié une déclaration appelant au calme, à la retenue des forces de sécurité et à une action gouvernementale urgente.
Parmi les principales revendications figurent :
La création rapide de Zones d’Exploitation Artisanale (ZEA) : pour offrir un cadre légal aux activités des creuseurs artisanaux et désengorger les concessions industrielles.
La démilitarisation des sites miniers : suite aux nombreuses bavures impliquant des militaires dans la région du Grand Katanga, dont fait partie Lualaba.
Le respect des droits humains : avec des soins médicaux gratuits pour les blessés, la prise en charge des funérailles des victimes, et l’ouverture d’une enquête judiciaire indépendante.
Le rétablissement des accès pour les communautés locales : TFM est appelée à rouvrir les passages menant aux champs et villages enclavés.
La promotion du dialogue entre toutes les parties : entreprises, autorités, communautés et creuseurs, pour prévenir de nouvelles violences.
Un conflit ancien, aux racines profondes
La crise actuelle s’inscrit dans un contexte plus large de tensions autour de l’exploitation minière en RDC. À Lualaba, les activités artisanales côtoient les grandes concessions industrielles, souvent dans un climat de précarité, de pauvreté extrême et d’absence de régulation efficace.
Selon la société civile, des milliers de jeunes se tournent vers la mine par défaut, faute d’alternatives économiques crédibles. L’absence de programmes de développement local dans les zones minières alimente les frustrations.
L’appel à une solution intégrée
Les leaders communautaires insistent sur la nécessité d’une approche globale, centrée sur la dignité humaine et le développement durable. Ils rejettent la violence, tout en rappelant que « la vie humaine est sacrée », conformément à l’article 16 de la Constitution congolaise.
La responsabilité est désormais entre les mains du gouvernement provincial du Lualaba, du ministère des Mines, du ministère de la Défense, et des entreprises minières elles-mêmes. Un dialogue sincère et durable est considéré comme la seule voie vers une paix sociale durable.
Sandra umba